Nouvelles mesures en immigration
L’Union des Préfets du Saguenay-Lac-Saint-Jean réclame en urgence un moratoire afin de revenir aux anciennes mesures mises en place par le gouvernement fédéral en matière d'immigration, pour sauver la productivité des entreprises de la région. — Sara-Léa Bouchard
13h34 – 19/06/2025
À la lumière des résultats émanant d’un grand sondage régional sur les effets des nouvelles règles fédérales en matière d’immigration, il est clair que les entreprises du Saguenay-Lac-Saint-Jean sont en péril et que les conséquences sur l’économie régionale sont majeures.
Ce sont 198 entreprises qui ont participé à l’enquête, qui s’est tenue de janvier à mars 2023. Celles-ci emploient 31 075 personnes, ce qui représente plus de 24% de l’ensemble des emplois de la région. Avec les nouvelles mesures, ce sont 506 travailleurs étrangers temporaires qui pourraient être mis à pied d’ici 2026, le tout dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. 49% d’entre eux sont accompagnés de leur famille. Pour le président de l’Union des Préfets, Louis Ouellet, l’inaction du gouvernement fédéral dans le dossier est inacceptable.
« On nous parle de 52 millions de dollars en pertes, en termes de contrats, que les gens ont déjà en main mais qu’ils ne seront pas en mesure de finaliser. Les nouvelles règles font en sorte de rendre incertaine la possibilité de conserver ces travailleurs-là sur notre territoire. On a 3% de taux de chômage, on a donc besoin de ces gens-là pour nous permettre de continuer à prospérer au Saguenay-Lac-Saint-Jean », estime-t-il.
Et ce ne sont pas seulement les petites entreprises qui s’en verront affectées, mais également les grandes entreprises, comme le cite à titre d’exemple M. Ouellet.
« Prenons juste Hydro-Québec. Cette entreprise-là a besoin d’équipementiers et d’entrepreneurs qui vont donner des services à leurs activités. Si les entreprises ne sont plus en mesure de desservir ces grandes entités comme Hydro-Québec, qu’est-ce qui va arriver ? On a une réelle problématique et cette problématique-là est créée de toute pièce. »
L’UdP du Saguenay-Lac-Saint-Jean réclame donc en urgence un moratoire afin de revenir aux anciennes mesures mises en place et ainsi éviter le pire.
« Le mur-à-mur adressé à l’ensemble du Canada, ce n’est pas une option. Il faut absolument et maintenant, non pas dans six mois ou dans un an, faire un moratoire sur ce qu’on nous propose à l’heure actuelle et revenir aux anciennes règles pour les entreprises qui souhaitaient obtenir des travailleurs étrangers temporaires », soutient M. Ouellet.
Il admet qu’à ce stade-ci, le message doit être entendu par les gouvernements fédéraux et provinciaux.
Les entreprises sondées emploient près de 2 400 de ces travailleurs qui sont essentiels à la continuité des opérations dans plusieurs secteurs dont le manufacturier, l’hébergement, la restauration, la santé et les services professionnels. Les données récoltées révèlent aussi que 25% des compagnies anticipent une perte d’expertise spécialisée difficilement remplaçable.
Des changements demandés
En plus de s'assurer que les critères soient établis selon les besoins de chaque région, l’UdP demande au gouvernement fédéral de modifier les règles pour, notamment, instaurer une clause “grand-père” pour permettre aux employeurs de conserver leurs travailleurs déjà présents dans la région, rétablir à 24 mois la durée maximale d’emploi pour les postes à bas salaire, rétablir à 20 % la limite de travailleurs dans les postes à bas salaire (en régions, peu importe le secteur ou la durée) et finalement, conserver l’augmentation de septembre 2024 de 5,65% du haut salaire, ce qui fixait le salaire médian à 27,47$ l’heure.
« Nous demandons par conséquent au gouvernement du Québec de nous appuyer publiquement dans nos demandes envers le gouvernement fédéral. Rapidement, nous allons demander une rencontre avec la ministre fédérale de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, madame Lena Metlege Diab, afin de lui présenter les résultats du sondage. C’est notre avenir économique qui en dépend », déclare quant à elle la mairesse de Saguenay, Julie Dufour.
Les entreprises en appui
Le directeur général chez Proco et porte-parole de la Table Emploi et Immigration, un comité initié par Alliage 02, Jean-Denis Toupin, est du même avis. Étant témoin direct de la situation, il constate que les pertes sont énormes.
« Pour nos usines de La Baie et de St-Nazaire, nous avions prévu des investissements de 7 millions et 4 millions de dollars, mais aucun de ces investissements ne peuvent se faire si on n’a pas la certitude qu’on peut conserver nos travailleurs », mentionne-t-il. « Nous appuyons donc sans réserve les demandes de l’UdP et avons l’intention de soutenir toutes les démarches pour que le gouvernement fédéral réalise les conséquences de ses décisions sur la vitalité de nos entreprises. »