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Théâtre

Une pièce de Ionesco à la salle Murdock de Chicoutimi

Les Chaises est la troisième pièce d’Eugène Ionesco — Patrick Simard

10h23 – 08/07/2025

Par Charles-Antoine Desmeules, Journaliste

Le Théâtre 100 Masques s’attaque à un monument du théâtre absurde et présente Les chaises, d’Eugène Ionesco, à la Salle Murdock à Chicoutimi jusqu’au 18 juillet.

Les chaises présentent le vieux et la vieille, un couple de personnes âgées vivant seuls sur une île déserte. Ils invitent l’humanité dans leur demeure pour une dernière fois afin de livrer un grand message et se retrouvent bien vite à bout de souffle, encombrés des chaises et des invités invisibles, mais bien présents pour les deux personnages.

La pièce d’Ionesco a été écrite en 1951 et est considérée par plusieurs comme un chef-d’œuvre du 20e siècle. Elle aborde plusieurs thèmes tels que l'absurdité de la vie, l'aliénation, la mort et l'intemporalité.

Une gymnastique physique et mentale

Le metteur en scène et directeur général du Théâtres 100 Masques, Dario Larouche, a éprouvé beaucoup de plaisir à mettre en place la pièce malgré toutes les difficultés qu’elle présente. Elle était pour lui et son équipe un processus long et difficile, mais qui en vaut la chandelle. « Les comédiens (Florence Boudreault et Martin Giguère) ont appris un texte qui est infernal. Il y a des répliques qui passent du coq à l’âne, des choses qui ne se tiennent pas et ils parlent avec des gens dont on n’a pas la réponse. C’est un immense défi pour les comédiens, et tous ceux qui ont joué la pièce avant nous s’entendent pour dire que c’est l’un des plus difficile texte à apprendre. »

Un travail de conception de longue haleine a également été fait pour se procurer l’entièreté des chaises, les unifier, et les recouvrir.

Les masques des personnages

La compagnie a déjà approché certaines œuvres en utilisant des masques. N’ayant pas d’acteurs réellement âgés de 95 et 94 ans comme les personnages, ils ont pensé que c’était une bonne occasion de réutiliser ce type de costume. « On aime beaucoup le jeu masqué parce que ça impose un jeu physique et une façon de bouger pour faire bien vivre les personnages. Ça donne une étrangeté à ce spectacle, et j’aimais bien le contraste entre les mouvements physiques démesurés du corps et la quasi-neutralité du visage », dit le metteur en scène.

La vieillesse des personnages et la fragilité de ceux-ci se font beaucoup ressentir à travers leurs mouvements et chaque action, tels que de se défaire d’un balai ou de baisser la main après une salutation semble difficile à accomplir.

Pourquoi faire du Ionesco en 2025

Le Théâtre 100 Masques est un théâtre de répertoire en activité depuis 1999. Il explore des œuvres de toutes les époques et de tous les pays. La compagnie avait envie de revenir à l’absurde, puisque le courant est né dans une époque où un pessimisme existait face à la destinée humaine. « Je trouve que le contexte actuel est très proche du type d’angoisse de la pièce. C’est important de parler au monde, de faire entendre le message. L’absurde était à l’époque une sorte de théâtre d’angoisse existentielle, et on est encore là-dedans 75 ans plus tard.. » explique Dario Larouche.

En jonglant à travers les différents courants, le Théâtre 100 Masques a produit du théâtre antique, des farces médiévales, du théâtre russe, et concocte déjà une pièce de Noël d’horreur pour cet hiver.