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La pêche aux flétans de l’Atlantique gagne en popularité

Rémi Aubin a aidé son neveu, Mathieu Aubin, à sortir un flétan en début de saison — Courtoisie

13h11 – 05/03/2024

Par Maxime Hébert-Lévesque, Journaliste

Les amateurs de pêche sont de plus en plus nombreux à embarquer sur les glaces du Fjord en espérant attraper un flétan de l’Atlantique. L’engouement est tel que la boutique spécialisée de pêche de La Baie, l’Accommodation des 21, a revu son inventaire en magasin afin de satisfaire sa clientèle.

Il s’agit d’une pêche qui gagne en popularité pour la vivacité du poisson une fois hameçonné et pour sa quantité de viande. Un spécimen peut peser jusqu’à 150 livres.

« On a commandé du fil de pêche ayant une plus forte résistance et de grandes longueurs. Nous avons également intégré à nos produits en magasin des moulinets spécialisés pour le gros poisson », explique un employé de l’Accommodation des 21, Alex Plamondon.

Celui-ci précise que depuis les premières prises de flétan, il y a trois ans, plusieurs amateurs cognent à la porte du commerce pour s’équiper en fonction de cette pêche.

« Les gens arrivent de partout : Gatineau, Montréal, Québec, etc. C’est sûr qu’avec la fermeture des villages de pêche blanche à La Baie, on trouve que c’est plus tranquille que l’an passé. Un mal pour un bien, nos ventes de tente en toile ont augmenté », affirme-t-il.

Pas une pêche pour débutant

Rémi Aubin est un pêcheur amateur bien connu dans la région. Il a lui-même pêché quelques flétans depuis que la collecte y est autorisée.

« Les prises sont bonnes et on va probablement rattraper ou battre le nombre de poissons récoltés l’an dernier. Toutefois, on a possiblement autour de 80% de flétan de perdus au bout de la ligne. C’est quand même beaucoup et ce qu’on observe c’est qu’il y a plus d’amateurs », explique le connaisseur.

M. Aubin rappelle que c’est une pêche très difficile et il n’hésite pas à qualifier de défi la sortie de l’eau d’un tel poisson.

« Ça demande énormément de préparation et de l’équipement de qualité. Le flétan se débat beaucoup et il est très fort. On peut compter facilement cinq heures de lutte avant d’être capable de le remonter à la surface. Plusieurs débutants viennent nous voir pour des conseils, mais c’est un peu comme mettre une voiture de course aux mains d’un conducteur apprenti », souligne-t-il.

Recherche scientifique

Théoriquement, l’autorisation de récolte de l’espèce au Saguenay se termine cet hiver. L’organisme fédéral Pêches et Océans Canada qui chapeaute le projet de recherche n’a pas donné d’indice sur un possible prolongement de l’étude.

« Je ne suis pas en position d’autorité, mais sur le plan scientifique, oui, il n’est pas impossible qu’il y ait quelque chose de durable et que la pêche récréative se poursuive », raconte Charlotte Gauthier, étudiante au doctorat en biologie à l’UQAC.

Mme Gauthier participe à l’étude scientifique, notamment en analysant les otolithes, de petits cristaux osseux situés dans l’oreille interne du flétan. Ces recherches portent, entre autres, sur l’activité migratoire de l’espèce.

« L’année dernière, on en a attrapé 17 et, pour cette saison, déjà 13 ont été sorties de l’eau. Comme on ne pêche pas sur l’ensemble du Saguenay et que les collectes sont relativement bonnes, on peut penser que le flétan pourrait être nombreux dans nos eaux. »